Anaïs DUBOIS
Mon fils porte des robes et des jupes
Quoi ? Mais il va être homo !
Si l'orientation sexuelle avait un rapport avec les goûts vestimentaires, alimentaires, d'activités ... Cela se saurait.
Qui plus est, il faut mesurer que les constructions autour du genre sont purement culturelles.
Plein d'hommes et de garçons à travers le monde portent ce que l'on pourrait appeler des robes ou des jupes.
Les djellabas, les dhotis, les kilts, les toges, les Kesas, les pagnes, les qamis, les jupes de gladiateurs, ..., en sont.
Personne ne se pose la question de savoir si ces tenues sont viriles ou non. Parce que les codes de genre sont culturels.
Porter une robe ou une jupe lorsque l'on est un garçon ou un homme, n'a rien à voir avec la masculinité ou l'orientation sexuelle.
Et si mon fils s'avère un jour être homo, déjà peu m'importe, l'essentiel étant qu'il soit heureux. il aimera qui il aimera.
Mais surtout, cela n'aura strictement rien à voir avec le fait qu'il aime porter des robes et des jupes maintenant.
Ce que notre culture occidentale nous dit finalement, c'est:
"Si tu es un garçon/homme, tu as le droit d'aimer les jupes, les robes, le maquillage, les paillettes, le rose, les cheveux longs,..., mais pas sur toi, sur les filles/femmes".
C'est complètement dingue !
Si j'aime quelque chose, que je le trouve beau, pourquoi ne pourrais-je pas le porter moi-même ?
Quelle que soit cette chose !
La réaction principale que j'entends lorsque je parle de cela en conférence, c'est:
"Mais on va se moquer de lui à l'école !"
Alors déjà, à l'école, les enfants se moquent les uns des autres.
Ils trouveront toujours une raison: parce que telle matière n'est pas son fort, parce qu'il n'a pas les dernières baskets à la mode, parce que son nom de famille est Dubois, parce qu'il n'aime pas le foot, parce que, parce que ...
Donc l'empêcher de porter ces tenues sous prétexte que l'on risque de se moquer de lui,
ce n'est pas un argument valable.
On se moquera de lui à un moment ou un autre.
Je l'ai accompagné sur cette question, car je la sais sensible, mais je ne lui ai pas dit: "Attention on va se moquer de toi"!
Je n'ai pas fait en sorte qu'il se trouve paralysé par la peur et la crainte de suivre son envie.
Je lui ai dit:
"Ici en France, les gens ne sont pas habitués à ce que les garçons portent
des robes ou des jupes. Dans plein d'autres pays, c'est habituel, mais pas ici.
Alors peut-être que certains seront surpris et déroutés. C'est juste qu'ils ne savent pas cela. Mais si toi tu aimes cette jupe/robe et que tu as envie de la porter, fais-toi plaisir ! "
Ce que j'ai ainsi fait, c'est que J'ai retourné les choses.
Si des réactions négatives arrivaient, elles n'étaient pas de sa responsabilité mais de celle des autres.
Aucune raison de vivre dans la peur et de la laisser guider ses choix.
Je préfère que ce soit le plaisir et l'envie qui guident ses décisions.
Est-ce qu'il a eu des réactions négatives ?
Oui
Un jour, il me dit que les copain.es disent qu'il est une fille parce qu'il met des robes et qu'il leur a répondu que non, c'est un garçon et il est parti en rigolant.
Cela lui passe dix kilomètres au dessus parce qu'il est bien dans ses baskets.
Notamment, parce que je le laisse faire.
Ce qu'il entend ainsi c'est: "fais ce qui te fait plaisir, que cela plaise ou non aux autres.
Tu n'as pas à te plier aux goûts des autres pour être aimé."